Nous avons profité de l’approche de la célébration honnie des froussards pour demander aux membres de l’équipe HIFI Group de se remémorer les long-métrages qui ont fait imploser leur trouillomètre intime. De quoi vous filer un peu d’inspiration pour votre marathon du flippe annuel...
NB : Évidemment, les films qui suivent ont été choisis de manière tout à fait subjective, et leur ordre d’apparition dans cette liste ne hiérarchise absolument pas leur qualité les uns par rapport aux autres, mais reflète tout simplement la récurrence de leur nomination lors de notre petite enquête d’opinion. Et si vous ne trouvez pas votre bonheur terreur dans ce listing, jetez donc un oeil à nos suggestions cinématographiques d’Halloween précédentes.
1 - L’Exorciste – William Friedkin – 1973
Forcément cité à multiples reprises lors de notre petit sondage horrifique interne, L’Exorciste demeure, plus de 50 ans après sa sortie en salle, le summum de l’horripilation dans l’inconscient collectif. Il faut dire qu’il aura fallu en déployer des mécanismes d’amortissement traumatique pour effacer de nos cortex les effroyables blasphèmes et autres dépictions très explicites de vomissures qui ont fait défaillir les pauvres innocents ayant pénétré les salles obscures à l’époque.
Chez nous, c’est entre autres Frédéric, d’HIFI Bordeaux, qui lui attribue son vote sans la moindre hésitation : « J’en ai vu plein des films d’horreur et beaucoup ne restent pas inoubliables, mais sans réfléchir, spontanément, et ce depuis des années, ma référence reste L’Exorciste de William Friedkin. Peut-être parce que c’est un chef-d’œuvre, mais aussi parce qu’il fait partie, comme pour beaucoup de gens de mon âge, j’imagine, des premiers émois horrifiques de ma jeune adolescence. Il faut dire qu’à mon époque, l’offre cinématographique du genre n’était pas aussi pléthorique que celle d’aujourd’hui. Halloween en France, je n’en ai aucun souvenir enfant ou jeune ado, je pense que ça n’avait pas été encore importé des US. Du coup, le seul moyen de se faire peur, c’était de «mater» L’Exorciste en VHS sur une télé à tube cathodique de 36cm avec mes sœurs ou les copains. Cette K7 faisait le tour des foyers, sous le manteau, à l’abri des regards parentaux et a fini bien usée. Et oui, à l’époque, pas de vidéo projecteur, d’écran de 3m de base, ni de son multicanal avec Atmos à la maison. Les frissons étaient pourtant garantis, c’est dire à quel point ce film est un chef-d’œuvre. »
Les mentions honorables de Frédéric : Nosferatu, le Vampire - Friedrich Wilhelm Murnau – 1922 & Fog – John Carpenter - 1980
2 - Shining - Stanley Kubrick - 1980
Attention, on entre ici dans la cour des grands. Parce qu’on parle de Kubrick là les gars, donc respect. Plébiscité par une grande partie de l’équipe, The Shining a donc évidemment sa place tout en haut de notre top de la frousse. Parce qu’avec The Shining, il ne s’agit pas seulement d’horreur pure et dure, mais plutôt de se perdre dans les méandres de la folie, finalement bien plus angoissante que n’importe quels spectres, goules et autres cavaliers sans tête, qu’il est relativement peu probable de croiser un jour. Un avis partagé par Kubrick lui-même, qui n’a pas hésité à taillader à la hache - ah ah, « here’s Stanley! » - le roman de Stephen King dont il est finalement très librement inspiré, au grand damn du Maître de l’horreur, qui ne cachera pas son mépris pour l’adaptation de Kubrick. Exit la littéralité de l’hôtel hanté, ne reste au final qu’un homme, ses hallucinations et la tragique perte de pédales en huis clos qui en découlera. On évitera de tomber dans les poncifs du genre « les acteurs - Nicholson et la frêle Shelley Duvall - y sont incroyables » « la photographie est superbe » … mais il faut bien avouer que The Shining est un film d’horreur sophistiqué, qui marque la rétine de manière indélébile.
Chez HIFI Group, parmi les nombreux amateurs du film, il y a Cyril d'HIFI Paris 3 : "Je citerais Shining de Stanley Kubrick, qui est a classer dans l'horreur psychologique. Lorsqu'on est fan de Kubrick et Nicholson et bien on est servi. J'aime tout dans ce film, l'accent de vérité - l'addiction, la folie - l'atmosphère, ses paysages froids et blancs. Un chef d'oeuvre."
3 - Les Dents de la Mer - Steven Spielberg - 1975
Si la probabilité de servir de quatre heures à un requin blanc - une chance sur 3,7 millions - est en réalité bien plus faible que de se prendre un astéroïde en pleine tête – une chance contre 1,6 million (voilà vous le savez, vous pourrez caser cette information et briller lors de votre prochain dîner mondain) – grâce à un certain Stevie Spielberg, la planète entière est persuadée de la vilenie anthropophage de la bête. Même un quinze août à Port Barcarès, il suffirait de crier au squale avec une certaine conviction pour faire déserter l’ensemble des touristes luisants de crème solaire qui empiètent sans vergogne sur votre fouta. Une hystérie collective qui doit beaucoup à Jaws - Les Dents de la Mer en version franchouillarde - chef d’œuvre de Spielberg - et premier blockbuster officiel de l’histoire du cinéma hollywoodien - à sa mise en scène remarquable, tout en suggestion, jeux de points de vue et motifs sonores récurrents franchement glaçants, restés dans toutes les mémoires cinéphiles.
Et notamment celle de Franck d’HIFI Lyon : «Je ne suis pas très adepte des films d'horreur, je lis les actualités, ça me suffit déjà amplement, par contre, s’il y a bien un film de ce genre qui me revient souvent en tête, notamment l'été sur la plage, c'est Les Dents de la Mer. Entre la musique, l'ambiance, et la mise en scène, pour l'époque, c’était vraiment pas mal. »
4 - La Mouche - David Cronenberg - 1986
Le cinéma d’horreur est souvent résumé à tort à de l’hémoglobine à gogo, et à des scénarii un brin bas du front. Incarnation absolue du caractère erroné de ce constat, le très poétique La Mouche de David Cronenberg est d’une intelligence folle. Maestro du body horror, Cronenberg livre ici une tragédie romantique : l’histoire d’amour naissante entre un fringant scientifique et une ravissante journaliste est entravée par l’hideuse métamorphose Kafkaïenne de ce dernier. Cette mutation, douloureuse et éprouvante dans tous les sens du terme, atrophie peu à peu son humanité... jusqu’au dénouement fatidique. « Je suis un insecte qui a rêvé qu'il était un homme et qui a adoré ça... Et le rêve est fini. L’insecte s’est réveillé » Tout simplement déchirant.
C’est le choix d’Arnaud, d’HIFI Tours : « Alors moi, des films d’horreur, j’en ai vu quelques uns depuis que j'ai commencé à en regarder au collège avec mon meilleur pote après les cours. Je n'ai pas de film culte à proprement parlé, et de manière générale, je ne vois les films qu'une seule fois (je ne suis pas du tout le genre à les revoir 10 fois et les connaitre par coeur). Heureusement ma mémoire a fait le tri depuis. Dans les vieilleries, je garde La Mouche de Cronenberg, c'était vraiment nouveau à sa sortie, ne jouant pas sur la surenchère de gore, mais sur une montée progressive de l'horreur de la métamorphose, à la sauce science fiction. Ça m'a fait pensé aux nouvelles de Lovecraft que j'adorai adolescent, bien que ça n'ait rien à voir. »
Les mentions honorables d’Arnaud : Get Out – Jordan Peele – 2017 et Midsommar – Ari Aster – 2019
5 - Alien, le Huitième Passager - Ridley Scott - 1979
Alien, ou comment une grosse bébête vraiment pas sympa mais bien stylée va terroriser une bande d’astronautes au saut du lit. Premier opus de la saga, le film reste pour beaucoup indétrônable dans la catégorie niche « horreur extraterrestre » - qu’il partage avec le tout aussi culte The Thing de John Carpenter. Dur dur de rivaliser avec cette créature ultra stylisée pour E.T. et compagnie… Sculpturale et terrifiante, il lui fallait bien une rivale à sa taille, au sang aussi froid que celui de la bête est acide, j’ai nommé le lieutenant Ellen Louise Ripley - matricule 36706 - amazone de l’espace qui sera bien la seule à parvenir à mettre le grand méchant loup xenomorphe dans sa poche. 45 ans plus tard, la scène de l’accouchement par voie thoracique de bébé alien demeure un classique du cinéma de genre… et Ripley, un role modèle pour pas mal de cinéphiles féminines.
« Je me fous royalement d’Halloween, mais mon film préféré typé horreur c’est Alien, le Huitième Passager de Ridley Scott. Tous les ingrédients sont extras : la créature issue de l'imagination de HR Giger, la musique et ses artefacts, les rebondissements du scénario… Bref, un suspense qui tient en haleine sur toute la longueur du film.» Michel, commercial HIFI Group.
6 - Rosemary's Baby - Roman Polanski - 1968
"J’aime mon horreur vintage et esthétique." nous explique Alex, de l'équipe marketing. "Forcément, je pense à la fantasmagorie Technicolor de Suspiria (Dario Argento, 1977) ou à la superbe ode au tweed et à la boucle parfaite de Don’t Look Now (Nicholas Roeg, 1973). Mais - entrée récente dans la maternité oblige - mon coeur penche du côté du Rosemary’s Baby de Roman Polanski (1968) : je fond pour la pauvre et délicate Rosemary, ses robes babydolls et sa coupe courte Vidal Sassoon. Mia Farrow et John Cassavetes sont tous simplement sublimes en jeune couple - attention spoiler - investi par un culte satanique. Du culte donc, dans tous les sens du terme."
La mention honorable d'Alex : Psychose - Alfred Hitchcock - 1960
7 - Les Griffes de la Nuit - Wes Craven - 1984
Comble du sadisme, Wes Craven et son Freddy Krueger profanent nos rêves douillets pour en faire un enfer. Et c’est là tout le sel des Griffes de la Nuit : si pour éviter de se faire zigouiller par le slasher lambda il suffit d’éviter campings et autres ruelles obscures un soir d’Halloween – il n’est pas trop tard pour revoir vos plans de la soirée à venir, on vous aura prévenus… – difficile de s’empêcher de tomber dans les bras de Morphée indéfiniment sans risquer l’AVC. Nous sommes, tôt ou tard, voués à l’assoupissement, et Freddy, le croquemitaine goguenard calciné, attend tranquillement de nous y cueillir… Chez HIFI Group, c’est Sébastien d’HIFI Orléans qui se remémore quelques nuits d’insomnie « Le premier film d'horreur que j'ai du voir, c'est Les Griffes de la Nuit il me semble… Mythique ! Original à l'époque dans le genre, à la fois drôle et très flippant! »
La mention honorable de Sébastien : Scream – Wes Craven (tiens, tiens, tiens…aurait-on affaire à un fan ?) - 1996
8 - Massacre à la Tronçonneuse - Tobe Hooper - 1974
Comme explicité dans son intitulé, Massacre à la Tronçonneuse ne fait pas exactement dans la nuance… La petite escapade glauque d’une bande de hippies dans la charmante bicoque d’une famille de sociopathes cannibales traumatise la jeunesse cinéphile depuis des générations. Finalement assez peu sanguinolent, Massacre à la Tronçonneuse crispe avec son Texas crade, moite et étouffant, ses désaxés terrifiants, sa bande sonore grinçante et ses autres réjouissantes joyeusetés. Nos protagonistes, malheureux impétrants de ce doux foyer sponsorisé par le tétanos, se trouvent, l’un après l’autre, après éviscération – motorisée donc - dans les règles de l’art par le grand méchant Leatherface, hachés menus dans le congélo familial. Malgré un budget dérisoire, le petit film énergumène de Tobe Hooper, inspiré de faits réels – les plus curieux taperont un peu plus tard « Ed Gein » dans leur moteur de recherche - cartonnera, appuyant là où ça fait mal, sur les tabous coagulés de l’Amérique profonde des seventies.
« Massacre à la Tronçonneuse m'a marqué à l’époque, par son ambiance oppressante et sa brutalité presque réaliste, qui donne l'impression d'être piégé dans un cauchemar sans fin. La peur vient autant de l'atmosphère malsaine que de la folie des personnages. » Sébastien, HIFI Nantes.
9 - Ça, il est revenu - Tommy Lee Wallace - 1993
Cité par Aurélien d’HIFI Tours : « Je l'ai regardé beaucoup trop jeune (dans le noir avec le frangin) et j'ai flippé de ouf!!! J'ai vraiment fait des cauchemars pendant 2-3 mois c'était horrible... »
Nous ne parlons pas ici de la récente version sur-hémoglobinée d’Andrés Muschietti, mais de la version de 1993, téléfilm – et oui - qui a sérieusement - et de manière très, très tenace - collé les miquettes à tout rejeton des nineties normalement constitué. Le clown aussi grotesque que flippant de Tim Curry – inoubliable travelo céleste du Rocky Horror Picture Show avant cela – situé quelque part entre Bozo et John Wayne Gacy, fut à l’origine d’une véritable épidémie de terreurs nocturnes. Une coulrophobie généralisée on vous dit. Un souvenir glaçant au grain glauque et un peu flou – typique de la cinématographie du début des années 90 - bien tatoué dans les traumas d’enfance de quelques uns d’entre nous, qui n’approcheraient d’une bouche d’égout SOUS AUCUN PRÉTEXTE. Jamais. Non. Même pas en rêve.
10 - Shaun of the Dead - Edgar Wright - 2004
Puisqu’il trouve l’épouvante éprouvante, Pierre - HIFI Thonon - choisit les chemins de traverse et propose du zombie certes, mais du zombie poilant. Échantillon premier et cultissime du genre, Shaun of the Dead zigouille la rhétorique du cadavre anthropophage à grand renfort de répliques désopilantes délivrées par un « homme de la situation » qui, à défaut de nous faire rêver, nous permet de nous identifier…à mort. Ah, ah.
* Ont également été cités, en vrac :
Misery - Rob Reiner - 1990
Conjuring, les Dossiers Warren - James Wan - 2013
Insidious - James Wan - 2010
Saw - James Wan - 2004
Halloween - John Carpenter - 1978
Destination Finale - James Wong - 2000
Sixième Sens - M. Night Shyamalan - 1999
Le Village - M. Night Shyamalan - 2004
La Colline a des Yeux - Wes Craven - 1977
Annabelle - John R. Leonetti - 2014
Hereditary - Ari Aster - 2018