Halloween ne serait pas vraiment Halloween sans un marathon horrifique digne de ce nom. La petite liste non exhaustive et terriblement subjective qui suit, sponsorisée par quelques uns des réalisateurs les plus cultes du genre - Sam Raimi, John Carpenter et Wes Craven entres autres - propose donc une courte sélection filmique aux forts relents de sang coagulé (désolée, mais pas désolée pour l’image). Morts vivants putrides et volubiles, extraterrestres sanguinaires, loups garous velus, vampires crypto gays ou tueurs en série nomophobes, amusez-vous, il y en a pour tous les goûts. Second degré et attrait certain pour l’épouvante surannée sont fortement conseillés. Bonne soirée...
Rien ne célèbre aussi bien l’esprit d’Halloween qu’un bon vieux zombie artisanal et purulent. Premier volet d’une trilogie décalée et déjantée, ce film déglingue, cracra et kitsch fait maison par un Sam Raimi encore anonyme et sa clique de potes acteurs en dilettante, propose une débauche de végétation perverse et d’esprits frappeurs clownesques. Tout fan de genre horrifique qui se respecte appréciera avec bienveillance cette œuvre inspirée au budget dérisoire, borderline série Z. Scénario binaire – cabane isolée + livre incantatoire satanique = pas bonne idée - , effets spéciaux chewing-gums et jeu d’acteurs approximatif ont fait de ce film le bonbon aromatisé à l’hémoglobine préféré des junkies de gore sensiblement has been.
The Thing marque un tournant dans la carrière de John Carpenter. Populaire mais très indépendant, le film flirte avec deux univers antagonistes, le cinéma indé et celui dédié au grand public. En décidant d’adapter la nouvelle de John W. Campbell « La Bête d’un autre monde » qu’il fusionne avec une vieille série B produite par Howard Hawks « La Chose d’un autre monde », Carpenter nous livre un huit clos glacial et tendu dans lequel une équipe de scientifiques se retrouve au fin fond de l’Antarctique, face à une bestiole pas très sympathique qui va bien les faire flipper dans une explosion de latex suintant et d’hémoglobine visqueuse.
Si aujourd’hui le film et ses effets spéciaux tordus et délicieusement désuets sont considérés comme le chef d’œuvre de Carpenter, en 82, le public préfère s’imaginer de gentils extra terrestres avec qui faire du vélo plutôt qu’un alien immonde bouffeur de viscères tout droit sorti du subconscient malade du terrien moyen. Pas de bol, Spielberg sort E.T. la même année, et The Thing est un flop au box office. Mais c’était sans compter les vastes générations d’amateurs de gore dévots qui se passeront la cassette sous le manteau des décennies durant, permettant au film d’atteindre le statut culte et intouchable dont il bénéficie aujourd’hui.
Le Loup Garou de Londres, chef d’oeuvre d’horreur imbibé d’humour noir du cultissime et espiègle John Landis – le clip de Thriller de Michael Jackson, c’est lui – est LA pépite de cinéma lycanthropique sardonique et rigolo. Les codes du genre, typiques des toutous anthropophages, sont bien là – des pleines lunes, des poils, des crocs et du sang… pas mal de sang d’ailleurs – agrémentés d’un sous texte subtil d’une profondeur philosophique déconcertante.
Les fans d’effets spéciaux vintages se gargariseront de la mythique scène de transformation du monstre, à la mécanique 100% artisanale, qui reste révolutionnaire et impressionnante, et ce, malgré le flot de vomissures CGI qui envahissent le silver screen depuis. Enfin, et ce n’est pas négligeable : les répliques y sont parfaitement écrites.
Le film, sorti en 1987, et ses protagonistes en spandex déglinguent sans complexe le jusque là assez chic décorum vampirique, à grand renfort de mullets peroxydés, mono boucle d’oreille pendante, perfectos de cuir et jeans neiges scandaleusement moulants. Une virilité d’outre tombe toute relative évoluant dans un univers nocturne mais saturé d’imprimés eighties douteux, tous droit sortis d’un comics poussiéreux type The Tomb of Dracula.
Références pop culture à gogo et bande originale culte en font le parfait popcorn movie, à mater comme un bon vieux clip de Billy Idol : un instantané d’une époque excentrique et criarde estampillée MTV.
SCREAM a atteint une certaine aura de coolitude indélébile auprès de toute une génération de trentenaires friands de pellicules celluloïd maculées d’hémoglobine. Avec ses multitudes de miasmes connotés gore, le film se joue des codes un poil bas du front du genre horrifique slasher avec un panache sanguinolent terriblement jouissif. Wes Craven, pape du cinéma d’horreur, nous propulse, à grandes salves de coups de fil déviants et ensanglantés, au coeur des scénars téléphonés des classiques trashy façon Halloween, Vendredi 13 et compagnie, intronisant au passage Neve Campbell et son talent indiscutable pour répondre fébrilement au téléphone Scream Queen officielle des nineties.
Les cinéphiles socialement carencés se sont évidemment reconnus en Randy, puceau vidéophile, et les jeunes filles sujettes à l’intense incontinence hormonale associée à l’adolescence, s’imaginaient elles, dans les bras du ténébreux Billy Loomis. Les mêmes qui ont probablement épousé un pervers narcissique depuis.