Depuis toujours, lorsque l’on souhaitait écouter de la musique – légalement on entend – on se procurait l’album ou on allait voir l’artiste en concert. Aujourd’hui la location - par le streaming - est entrée dans les mœurs et nous avons accès à un très large choix de musique, sans aucun doute plus grand que nous n’écouterons jamais. Ce large choix pose tout de même la notion de responsabilité de l’auditeur envers les artistes et plus largement, la responsabilité des géants vis-à-vis des artistes.
Nous écrivons cet article en tant que billet supplémentaire sur le streaming aujourd’hui, de manière entièrement informative afin de rendre le streaming le plus transparent possible avant de choisir son service. Si l’on veut continuer à profiter de la musique et à encourager la créativité, il est, selon nous, bon d’y jeter un coup d’œil.
Nous commencerons cet article par une petite anecdote qui en dit plus long que ce que l’on ne croit sur l’économie du streaming. En 2015, alors qu’Apple annonce son nouveau service, Apple Music, avec une offre d’essai de 3 mois tout à fait gratuitement, Taylor Swift rédigeait une lettre ouverte [en français] à la marque sur son blog pointant du doigt que la marque à la pomme avait également décidé de ne pas rémunérer les artistes pendant ces 3 mois, jugeant qu’elle ne gagnait pas d’argent non plus sur les périodes d’essai gratuites. Selon elle, les artistes subissent ainsi un choix de commercialisation, or, aucun ne devrait être contraint de mettre le fruit de son travail à disposition gratuitement.
Après lecture de cette lettre, Apple a décidé de revoir sa copie et de rémunérer les artistes même lorsqu’ils sont écoutés dans le cadre d’une offre d’essai gratuite. La suite on la connaît tous, Taylor Swift a ouvert son album, tout juste sorti à l’époque, à la plateforme américaine.
Aujourd’hui, cette pratique semble avoir disparu chez l’ensemble des acteurs. Mais écouter un artiste ne signifie pas que celui-ci sera rémunéré de la même manière suivant que l’on écoute son album sur un service ou un autre, voire depuis un abonnement ou un autre.
Le streaming a changé le mode de consommation de la musique. La RIAA indiquait récemment qu’en 2018 aux USA, 75% des revenus de l’industrie musicale émanaient du streaming. Une preuve certainement que les consommateurs de musique cherchent un moyen de contribuer aux artistes face à ce qui était auparavant, en grande partie, du téléchargement illégal pour un accès sans limite. Malheureusement, il est important de noter qu’à écoute similaire, un abonnement gratuit (contre publicité) ne rémunère pas un artiste au même niveau qu’un abonnement payant (abonnement mensuel). Cet abonnement gratuit est très souvent remis en question par les artistes, notamment les plus petits d’entre eux.
L’ADAMI – l’Administration des Droits des Artistes et des Musiciens Interprètes – avait également fait campagne dans ce sens il y a quelques années pour montrer les disproportions qu’il existe dans la rémunération des artistes en fonction de l’utilisation d’un abonnement de streaming gratuit ou payant. Une écoute en streaming payant est équivalente à environ 4 écoutes en streaming gratuit.
Si l’on souhaite écouter sa musique en streaming de manière responsable, nous ne pouvons que conseiller d’utiliser un abonnement payant. Alors lequel choisir parmi ceux qui s’offrent à nous ? Les rémunérations sont-elles équivalentes d’un service à un autre ?
Malheureusement là encore, la réponse est non. Le blog The Trichordist publie depuis 2014 les chiffres liés aux streaming. Et on se rend compte qu’il y a de grandes différences entre chacun. L’image ci-dessous est directement empruntée au blog et rapporte les chiffres pour l’année 2018. Il convient de noter que la colonne « Per Stream » est calculée en fonction des autres et non communiquée directement par les services de streaming.
La première chose que l’on remarque, c’est l’hégémonie de YouTube et de Spotify. À eux seuls, ils représentent près de 78% du streaming... rien que ça. Mais regardons la colonne « Per Stream » qui nous intéresse aujourd’hui, et met en lumière les rémunérations moyennes par écoute. On remarque ainsi que les écoutent via service tel que Qobuz rémunère près de 13 fois plus que celles sur Spotify.
Tout d’abord, en tant que professionnels de l’audio, nous sommes fiers de confirmer que nos partenaires Qobuz et Tidal sont parmi les plus respectueux des artistes et de voir qu’ils soutiennent l’économie musicale. Nous vous conseillions déjà ces services dans nos précédents articles pour la qualité audio qu’ils offrent, voilà qu’ils sont également plus respectueux du travail des artistes.
Nous pourrions plus développer le sujet, avec notamment la tendance à multiplier les titres, à accélérer les musiques ou encore la répartition des revenus aux artistes, mais bien que très intéressant, cela nous sortirait du sujet principal de bien choisir son service de streaming.
Nous terminerons ce billet avec une infographie qui, certes, date de 2015, mais met tout de même toujours bien en évidence les différences que nous venons de décrire. Les bulles représentent ici le nombre d’albums à vendre ou de musiques à streamer pour atteindre un revenu mensuel équivalent à 1 260$ pour l’artiste. Malheureusement plus la bulle est imposante, plus les musiques doivent être écoutées pour atteindre cette rémunération cible.
Attention, nous ne souhaitons pas remettre en question le streaming en lui-même, de nombreux artistes sont reconnaissant envers les services de streaming de leur donner une aussi large vitrine pour se faire écouter. De leur côté les mélomanes aiment cette facilité d’accès à des millions de musiques. Spotify a d’ailleurs donné quelques chiffres récemment qui permeettent de déduire qu’en moyenne chaque utilisateur découvre 27 nouveaux artistes par mois, les playlists automatiques n'en sont certainement pas étrangères. Et c’est bien là le vrai atout de ces services, la découverte. On pourra ensuite se procurer l’album d’un artiste, ou une place de concert pour contribuer un peu plus à sa réussite et lui permettre de réellement vivre de la musique. Il semble que la diffusion de sa musique - le streaming - ne soit plus une fin en soi mais un moyen d'attirer de plus grandes foules aux concerts.
Une nouvelle fois donc, nous vous invitons à préférer Tidal ou Qobuz pour l’écoute en ligne, même dans le cadre d’un abonnement à 9,99€/mois. Vous pourrez venir dans votre auditorium HIFI Group pour retirer un code d’essai de chacun d'eux avant de faire le pas de l’abonnement.
Partie 1 | La musique dématérialisée
Partie 3 | Dématérialiser sa musique
Partie 4 | Les services de streaming
Partie 5 | L'envers du décors : streaming & rémunération des artistes