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La Guerre des Toiles

11/04/2023
Quel type de toile pour quelle projection ?

La laborieuse création d’un substitut de salle obscure à domicile – aussi bien dans le cas d’un simple système home cinéma de salon, que de la conception d’une véritable salle dédiée – s’assimile souvent à un véritable sacerdoce. Et puisque la haute fidélité est bien loin de se cantonner à l’acoustique, l’image elle aussi se voit désormais l’objet de l’attention toute particulière de nos intégrateurs. En effet, dans un contexte cinématographique, que serait l’image sans le son, certes, mais plus encore, que serait une scène sonore ample et éloquente, sans un miroir ophtalmique adéquat pour déclencher le frisson cinéphile escompté? Car non, une toile n’est pas simplement une toile. Si certains se contenteront d’une « projection de fortune » sur un mur blanc, il est important de prendre connaissance de la grande variété de concepts mis au point par les fabricants de toiles de projection, permettant, selon les caractéristiques de la pièce concernée – salle dédiée ou pièce de vie – de faire ostensiblement gagner en dynamique et en profondeur votre future expérience cinéma intime. Une multitude de propositions parfois difficile à appréhender, et au sein de laquelle il n’est pas toujours aisé de faire un choix. D’où la nécessité de se focaliser un instant sur la fondamentalité et les subtilités de la toile de projection.  

À l‘instar d‘une enceinte ou d‘un amplificateur, l’installation d’un écran dans le cadre d’un lieu de vie tel qu’un salon par exemple, requiert qu’il s’assimile à une scénographie déjà en place, où l’obscurité parfaite n’est pas forcément assurée, notamment dans les pièces de vie lumineuses. Le tout dans un agencement tactique photogénique, indécelable ou explicite – écran fixe, motorisé, et même, encastré dans le plafond – établi selon le curseur esthétique déterminé par son propriétaire, afin d’épouser une version fidèlement ciselée de son idée de l’hédonisme cinématographique. Là encore, la sagacité du choix opéré quant au matériel – et donc du type de toile - sélectionné est décisive, et ce, particulièrement lorsque votre silver screen tout personnel investit un milieu vivant, souvent sujet à une luminosité insidieuse, qui tient de la provocation pour toute âme cinéphile qui se respecte. 

Les concepteurs ont donc mis au point des toiles spécifiques à différents contextes : salle dédiée plongée dans une obscurité parfaite, ou pièce de vie plus ou moins baignée de lumière. Un éventail de possibilités désormais assez vaste, potentiellement déroutant pour les aspirants à la félicité cinéphile. Et puisque rien ne s’avère plus parlant qu’une bonne vieille démonstration par l’exemple, nous avons décidé de vous concocter un petit comparatif des principales types de toiles disponibles chez HIFI Group, et ce, dans chacun des contextes précités. Voilà de quoi vous faire une sérieuse petite idée, en attendant votre prochaine visite en magasin, et la présentation concrète des échantillons in situ par nos experts.

Et afin de prodiguer les conseils les plus pertinents possibles, nous avons réquisitionné les lumières de Pierre, responsable d’HIFI Thonon et référent home cinéma HIFI Group. Nous avons choisi ici de nous attarder exclusivement sur les créations de la maison Screenline, que nous apprécions tout particulièrement pour ses toiles ultra qualitatives, et fabriquées entièrement en Italie.

Screenshots utilisés lors de l'expérience : 

 

  • Mire Monochrome
  • Mire Couleurs
  • Blade Runner 2049, Denis Villeneuve, 2017
  • Edge of Tomorrow, Doug Liman, 2014
  • Bumblebee, Travis Knight, 2018
  • Avengers : Infinity War, Anthony & Joe Russo, 2018 

 

EXPÉRIMENTATION EN SHOWROOM DÉDIÉ HOME CINÉMA

 

Première mise en situation en milieu propice, gracié d’un écran motorisé Screenline JAGO tensionné 16/9, et d’une toile grise haut contraste micro perforée 0.6, qui jouera donc ici les toiles comparatives. Bien que ce modèle ait récemment été retiré du catalogue, et que l’on s’attendrait plutôt à une toile blanche dans une salle cinéma, notre choix s’était initialement fait dans un soucis de présentation des solutions Screenline, et de formation. Il est important de souligner que le vidéoprojecteur Sony XS-W5000ES dernière génération utilisé lors de ces deux démonstrations a été réglé de manière identique - réglage Cinema 1 - et non spécifique aux caractéristiques des deux pièces de test - afin de faciliter la comparaison. Veuillez également noter que la présence de plis sur la surface des échantillons test est due au fait que ces derniers sont simplement fixés sur la toile de base, sans être parfaitement tendus : les aspérités de l’image ne traduisent donc pas un défaut de la toile. 

Bien. Et si nous allumions le vidéoprojecteur ?

 

Test # 1 : Radiance 0.6/Grise Haut Contraste Micro Perforée/Blanche Micro Perforée

 

 

 

 

 

 

 

Pierre : "Dans cette configuration, aucune contrainte de luminosité ambiante, la salle peut être plongée dans l’obscurité la plus totale. La toile Radiance n’a ici pas de grand intérêt car elle absorbe beaucoup de luminosité, tout comme la toile grise haut contraste, ce qui aura tendance à, certes, apporter plus de profondeur aux noirs, mais au détriment de la dynamique de l’image. Ainsi, dans une salle dédiée, il n’est pas pertinent de partir sur une toile à réjection de lumière. Une toile blanche sera le choix le plus évident, la mise en place d’une toile grise haut contraste aura son intérêt dans le cas d’une utilisation avec un vidéoprojecteur très lumineux et au taux de contraste plus faible." 

NB : Particulièrement judicieuse dans une salle cinéma privée, une toile micro perforée – ou transonore - présente une surface criblée d’orifices infinitésimaux –  imperceptibles lors de la projection – pensés pour laisser filtrer le son dans l’éventualité d’une installation des enceintes frontales derrière l’écran de projection, récurrente dans ces espaces cinéphiliques privilégiés. Ces clichés éloquents prodiguent un argument de poids pour convaincre les derniers sceptiques, qui pourront constater, preuve à l’appui, que les micro perforations, bien que visibles à l’œil nu à 20cm de la surface d’une toile lorsqu’elle n’est pas sollicitée, n’altèrent en rien la qualité de l’image lors de la projection.

 

EXPÉRIMENTATION EN PIÈCE DE VIE 

 

Nous voici maintenant en milieu hostile, dans une pièce de vie très lumineuse, en plein jour, au cours d’un après-midi ensoleillé. Le modèle comparatif est ici une toile blanche Homevision présentant un gain de 1. Si la toile adoptée pour cet écran installé en pièce de vie peut sembler surprenante de prime abord, ce choix se justifie par le fait qu’à l’époque de l’installation en question, seule une toile Homevision pouvait répondre aux besoins liés aux caractéristiques très spécifiques de la pièce. En effet, celle-ci disposant d’une grande hauteur sous plafond, l’écran encastrable allait nécessiter une toile avec un gros backdrop - bande noire située au dessus de la zone de projection qui permet d’ajuster la hauteur de l’image par rapport à celle de la pièce. Et puisque l’écran allait être utilisé exclusivement de nuit, celui-ci ne souffrirait donc pas des conditions lumineuses périlleuses des projections diurnes. Lors de cette seconde expérience, nous choisissons délibérément de ne pas utiliser de toiles transonores, étant donnée la scénographie de la pièce : l’écran est installé devant une grande fenêtre, il serait donc assez peu judicieux d’y appliquer ce type de toile, aussi minuscules soient ses perforations, dans lesquelles pourrait venir s’immiscer la lumière extérieure. Il est important de signaler encore une fois qu’en cas d’implémentation d’enceintes frontales dans le mur se situant derrière l’écran, il est fortement recommandé d’opter pour une toile transonore, au risque, dans le cas contraire, d’étouffer ostensiblement les vocalises des enceintes. Ici l’écran n’étant pas micro perforé, il est donc positionné de manière à ne pas obstruer les enceintes encastrées situées sous, et à coté de la toile.

 

Test # 2 : Radiance 0.8/Homevision/Grise Haut Contraste - Salon de jour, en milieu d'après -midi, sans lumière artificielle

 

 

 

 

 

 

  

 Test # 3 : Radiance 0.8/Homevision/Grise Haut Contraste - Salon, de jour, en fin d'après -midi, sans et avec lumière artificielle 

 

 

 

Pierre : "On voit ici clairement les limites d’une toile blanche standard. Plus la lumière ambiante est importante, plus on perd du contraste et plus l’image apparaît « lavée ». Les toiles grise haut contraste et Radiance, possèdent quant à elles le même niveau de gain, cela leur permet de retrouver plus de profondeur, avec une différence importante tout de même entre les deux : la toile Radiance proposant l’image la plus contrastée." 

"Si les différences entre les toiles sont déjà bien visibles lorsque la pièce est éclairée par une lumière indirecte, l’ajout d’une source de lumière directe comme un spot de plafond accentue grandement les écarts de qualité de projection. Ainsi, s’il s’agit d’une installation en pièce de vie et qu’aucune contrainte technique n’empêche son installation (utilisation d’un vidéoprojecteur à focale « standard » ayant une luminosité suffisante, taille d’image souhaitée,…), une toile type Radiance, à réjection de lumière ambiante, est le choix le plus judicieux et intéressant visuellement."

 

COMPARAISON ENTRE LES TOILES TECHNIQUES RADIANCE 0.8 ET RADIANCE 0.6 

 

NB :  Pour faire simple, la notion de gain traduit le ratio de lumière renvoyé dans l’axe de projection, et donc au spectateur. Une toile affichant un gain de 1 renvoie la totalité de la lumière qui lui est envoyée par le projecteur. Les toiles précitées elles, présentent des gains inférieurs à 1, et absorbent donc en conséquence une partie de la lumière avant de la renvoyer vers le spectateur. Plus ce chiffre est bas, plus la toile absorbe de la lumière : une toile Radiance 0.8 renvoie 80 % de la lumière qui lui est confiée, une toile Radiance 0.6, 60 % etc. Elles sont donc conseillées dans un contexte de vie subissant les affres d’une lumière ambiante parasite. Ainsi, en comparaison avec une toile blanche – gain de 1 -  la toile Radiance 0.6 par exemple semble exalter les arrière-plans, raviver les couleurs, tout en conservant de beaux contrastes, et des noirs profonds. 

 

 

 

 

  

Pierre : "Ces deux toiles à réjection de lumière ambiante se différencient visuellement par leur gains respectifs de 0.8 et 0.6. Si la Radiance 0.8 reste le meilleur compromis entre luminosité et contraste, la toile Radiance 0.6 propose un gain supplémentaire en terme de profondeur de noir, il faudra cependant lui associer un projecteur relativement puissant. Ce qui différencie ces deux toiles est également la flexibilité d’installation. En effet, la toile Radiance 0.6 peut être soudée à une toile noire (bords noirs au dessus et autour de la toile), mais elle est également disponible en version micro-perforée en cas d’installation devant les enceintes." 

"Sur les échantillons mis en place, on constate que la moindre ondulation de toile est visible, c’est pourquoi nous recommandons que les toiles Radiance soient mises en œuvre avec un système de tensionnage sur les écrans motorisés."

 

CONCLUSION

 

Pierre : "En résumé, quel que soit le type d’installation, le choix de la toile n’est pas à prendre à la légère. Considérer l’environnement de projection, ainsi que les contraintes et besoins de l’utilisateur est absolument primordial. Il sera également possible d’aller encore plus loin dans la qualité du rendu global en procédant au calibrage du vidéo-projecteur par rapport à la toile utilisée."

"De manière générale, si une salle de vie optera plutôt pour une toile technique, une salle home cinéma se tournera plus volontiers vers une toile blanche, et micro perforée si l’installation sonore l’exige." 

 

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