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Le monde de la musique au cinéma

29/08/2025
Une sélection non exhaustive et totalement subjective.

Il est fort heureusement tout à fait possible de répondre par l'affirmative à la question posée en préambule. Les exemples du genre - souvent oscarisés d’ailleurs - sont relativement nombreux : Walk The Line - James Mangold, 2005 - The Doors - Oliver Stone, 1991 - ou encore, plus récemment, A Complete Unknown - James Mangold (encore lui!), 2024 - ont tous su trouver leur public. Mais sont-ce toujours les œuvres les plus réussies qui réunissent le plus de spectateurs ? Rien n'est moins sûr. Les réalisations cinématographiques sur la musique, et/ou sur les personnalités qui la font - plus communément qualifiées de biopics - exaltent les fans autant qu'elles les déçoivent inévitablement toujours un peu. Si elles ont le mérite de faire rayonner l’œuvre d'un artiste bien au delà des limites de quelques initiés – et de garantir quasi systématiquement une statuette et la reconnaissance de leur pairs à leurs interprètes – elles se défont difficilement du caractère hagiographique, cliché, voire édulcoré de leur dépiction du quotidien de la rock star moyenne. Le sexe, la drogue et le rock'n'roll oui, mais juste assez pour échapper à une interdiction aux moins de 12 ans, et se voir privée d'une portion notable d'entrées. Suivez mon regard...

 

 

Le docu VS la fiction

 

 

 

Pour dégoter un peu plus de réalisme, il va donc falloir aller fouiller du coté – ô surprise – du documentaire. Tourné sur plus de sept années passées à suivre comme leur ombre Dandy Warhols et membres successifs du Brian Jonestown Massacre, DIG ! - Ondi Timoner, 2004 -  n'épargne pas ses protagonistes. Guerres d'égos, addictions, compromissions : les deux groupes exploseront, chacun à sa manière, alors que rivalité et jalousie pulvériseront leur amitié. À voir absolument. 

 

 

 

Il arrive également de le format documentaire soit perverti pour injecter un peu d'autodérision dans un microcosme qui en manque parfois cruellement. Spécimen princeps et cultissime, le Spinal Tap de Rob Reiner a fait des petits. Dernier exemple en date : Pavements, du petit prodige mumblecore Alex Ross Perry, sorti tout récemment sur la plateforme MUBI. Portrait foutraque du groupe culte – et très indie – des nineties Pavement, le film se veut un collage bordélique d'images d'archives, de séquences musicales, de satire hollywoodienne et de mockumentary. Conceptuel, et - on ose l'espérer - fun. 

 

La vision d'un artiste, sur un artiste

 

 
 

L’œuvre fictionnelle n'a donc pas pour autant rien à apporter sur l'autel du rock. Particulièrement lorsque cette dernière sort tout droit des cerveaux les plus prolifiques en termes de cinématographie indépendante de ces dernières années. Esthétisme et symbolisme sont alors portés à leur paroxysme, avec plus ou moins de succès, à l'image – c'est le cas de le dire – de l'indolent Last Days de Gus Van Sant – 2005 – qui relate les derniers jours d'un ersatz de Kurt Cobain, ou du kaléidoscopique I'm Not There de Todd Haynes – 2007 – qui dissèque avec poésie les diverses personnalités de Bob Dylan.  

 

 

Mais c'est très certainement le clippeur surdoué Anton Corbjin – collaborateur émérite de Depeche Mode, Nirvana, Tom Waits ou encore Nick Cave - qui délivre en 2007 le biopic ultime, avec le sublime et habité Control, adapté de la douloureuse autobiographie de la veuve de Ian Curtis, leader tourmenté de Joy Division. Le cinéma raffole des destins brisés, et celui de ce groupe phare de la scène Cold Wave est rythmé de jolies mélodies glaciales, magistralement mises en scène ici avec une élégance noire et blanche indéniable. Difficile de faire plus cinématographique. 

 

Les récits initiatiques

 

 

Mais les films musicaux ne se résument pas forcément à de simples biographies mises en images des icônes du genre. Parfois, la musique est partie prenante de l’histoire. C’est un personnage à part entière qui sert le scénario. La musique EST le scénario - High Fidelity, Stephen Frears, 2000/Wayne’s World, Penelope Spheeris, 1992. Car quelle meilleure toile de fond pour une coming-of-age-story que la déferlante des swinging sixties – Good Morning England, Richard Curtis, 2009 - ou le tour bus d'un groupe hippie en pleine ascension bourré de groupies entichées - Almost Famous, Cameron Crowe, 2000 ?  Et quelle meilleure bande-son pour un premier baiser enflammé que les douces complaintes imprégnées de laque New Wave - Sing Street, John Carney, 2016 ? 

 

 

Rien de tel qu'une bonne vieille aura rock'n'roll pour assurer à l'adolescent lambda une augmentation exponentielle de son potentiel de séduction. Qu'il choisisse de traîner dans le sillage de musiciens charismatiques, de pirates radiophoniques délurés, ou de monter sa propre formation rock, il verra indubitablement ses chances de concrétiser avec un membre du sexe opposé décupler. Et sa vie s'en verra inévitablement transfigurée. 

 

Le doigt dans le culte

 

 

Mais alors, quel est LE film rock par excellence?  Attention, préparez-vous à être un brin bouleversés dans vos certitudes. Prêts ? On y va : le film le plus rock'n'roll de tous les temps n'est pas un film sur un groupe de rock. Ça va ? Vous voulez un sac en papier pour hyperventiler ? Non, à notre humble avis, la palme du genre revient à - tenez-vous bien - la comédie musicale The Rocky Horror Picture Show - Jim Sharman, 1975 - et aux folles soirées glam et ovniesques du savant fou en bas résilles Dr Frank'N'Furter. De la choré endiablée, du talon aguille acéré, et Meat Loaf en rockeur/créature de Frankenstein délaissée pour le musculeux Rocky : c'est fou, c'est kitsch, c'est drôle... c'est ultra culte. Rock’n’roll donc. 

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