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Bandes originales de films

24/01/2023
Ces mélodies qui touchent au sensible

Que serait la grande fresque cinématographique sans habillage mélodique ? Intriqués depuis toujours, musique et cinéma semblent intimement liés : déjà à l’époque du muet, les projections se déroulaient sous les pulsations musicales d’un orchestre jouant en live - ab initio pour couvrir le tapage du vidéoprojecteur et la rumeur des spectateurs. Il ne fallut pas longtemps à ces partitions pour révéler leur fulgurant pouvoir de suggestion, leur caractère exhausteur d’émoi. Capable d’amplifier les émotions, de décupler la force de frappe d’un propos scénaristique, la musique devient rapidement l’épine dorsale des long-métrages. Tantôt poignante, tantôt cinglante, elle établit un timing redoutable, intimant tacitement aux viscères du spectateur quand doit se radiner l’effroi, l’émerveillement, ou l’humectation oculaire. 

L’histoire du cinéma a offert son lot de bandes sonores magistrales, indissociables des films dont elles ont accompagné la trame narrative. Il serait de bon ton dès lors de citer un certain nombre de patronymes entrés dans la postérité, d’Ennio Morricone à Bernard Hermann, en passant par John Williams, Hanz Zimmer ou encore Danny Elfman, mais nous nous contenterons, très subjectivement, de ne citer que deux exemples, sublimes, et signés Nino Rota. 

 

Nino Rota - La Dolce Vita, Federico Fellini, 1960 - ‘Finale’

 

 

Nino Rota - The Godfather, Francis Ford Coppola, 1972 - ‘Sicilian Pastorale’

 

 

Réalisateurs et compositeurs collaborent la plupart du temps sur une musique originale, écrite et composée pour l’œuvre en question, choisissant parfois d’y incorporer des titres pré-existants, jamais choisis au hasard. Tout comme costumes et décors, la musque cimente l’action du film dans une époque, une atmosphère bien précise - bien que certains metteurs en scène n’hésitent pas à délibérément choisir des titres anachroniques pour marquer les esprits – Marie-Antoinette, Sofia Coppola, 2006. Ainsi, la musique nous anime, nous heurte, nous manipule. Les films ayant pour sujet la guerre du Vietnam par exemple – Apocalypse Now, Full Metal Jacket, Platoon... - baignent souvent dans le rock’n’roll incroyable de l’époque, mais n’hésitent pas à nimber les terribles scènes de combat de musique classique, plus grandiloquente, plus poignante, sinistre et cruelle. 

 

Apocalypse Now, Francis Ford Coppola, 1979 : ‘Ride of The Walkyries’ 

 

 

Le langage musical au cinéma : le leitmotiv.

La suggestion menaçante de la présence dans les eaux du grand requin blanc des Dents de la Mer, flanquée d’une poignée de notes très spécifiques, récurrentes, et restées gravées à jamais dans l’inconscient collectif, est probablement l’une des incarnations les plus prégnantes du concept de leitmotiv. Popularisé par Richard Wagner et sa tétralogie de L’Anneau de Nibelung, ce motif musical réitéré tout au long d’une œuvre cinématographique en vue d’identifier un personnage, un décor, une émotion, ou une idée, a grandement joué en la faveur de la cinégénie du poisson le plus honni de tous les temps. Les oppressantes entrées dans le champ de Darth Vader, la féerie d’Hogwarts, le flegme séducteur de James Bond, les péripéties exotiques d’Indiana Jones, la « titanesque » romance maudite de Jack et Rose… le silver screen ne manque pas de séquences portées jusqu’à l’acmé du frisson cinéphilique par cette technique imparable. 

 

JAWS, Steven Spielberg, 1975 - ‘Get out of the water !’

 

 

Musique IN/OFF. 

Lorsqu’une musique est utilisée sur grand écran, elle peut être « IN », à savoir assimilée à l’action, et pleinement perçue par les protagonistes - la source étant parfois même visible à l’écran, comme dans l'extrait d'Apocalypse Now vu plus haut, ou celui qui suit – ou « OFF », plus aisément assimilable à une musique d’ambiance, que seul le spectateur peut entendre. 

 

Musique IN – Call Me By Your Name, Luca Guadagnino, 2017 – The Psychedelic Furs ‘Love My Way’

 

 

Musique OFF – Call Me By Your Name, Luca Guadagnino, 2017 –  Sufjan Stevens ‘Visions Of Gideon’

 

 

Propice à l’embrasement des sens, prétexte à la terreur ou la larmichette, la musique appuie ainsi l’arc narratif d’une œuvre, décuple son potentiel à entrer dans le culte, transcende sa cinétique et son intention. Madeleine de Proust consultable à l’envie, les bandes originales investissent de plus en plus les salles de concert, que les fans invétérés du Seigneur des Anneaux ou de John Carpenter prennent d’assaut, extatiques. Car que votre penchant naturel aille plus volontiers vers les magmas de références pop à la Tarantino ou Scorcese, ou aux compositions épiques plus traditionnelles d’un Michel Legrand ou d’un Jerry Goldsmith, le rôle des mélodies qui exaltent nos scénarios favoris sur les convulsions de notre petit palpitant de spectateur est tout simplement indiscutable. 

 

 

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