Si, comme beaucoup en cette période de l’avent, la simple idée de laisser pénétrer ad nauseam l’incontournable All I Want For Christmas de Mariah Carey dans votre conduit auditif vous donne une irrésistible envie de vous arracher les cils un à un, alors peut-être que notre petite mixtape de Noël vous permettra de soulager un peu vos petits nerfs en pelote. Voici donc sept titres, un brin blasphématoires pour certains, qui ne révolutionnent peut-être pas totalement le genre, mais qui ont au moins le mérite d’être relativement rigolos - ou tout simplement bons. Bonne écoute.
Nepo Baby en chef du revival rock du début du millénaire, Julian Casablancas est rarement là où l’attend. En 2009, temporairement séparé de sa clique en converses et denim élimés, il se fend d’une chanson de Noël qui, il faut bien l’avouer, explose tous les quotas de coolitude. Le costume de néo crooner lui sied à ravir, et le Monsieur peut se vanter d’avoir élaboré un Christmas hit premier degré, et ce, sans horripiler.
Beats minimalistes et flow sulfurique mais mainstream friendly : RUN DMC injecte tous les ingredients de son succès dans Christmas is, deuxième morceau du genre pour le groupe - après le cultissime Christmas in Hollis en 87. Avec ses clochettes tradi et les lutins loubards grotesques de son vidéoclip, rien à dire, l’ambiance de saison est bien là, complément phagocytée par ce triptyque aussi cool qu’humainement possible. Un petit tube hip hop old school, fun comme un tour de parking en low rider : de quoi assurer un très joyeux Noël aux sales gosses.
Punks originels, aussi respectés que grandguignolesques, les Ramones sont finalement d’assez logiques Pères Fouettards en perfectos râpés par les pogos. Écrite par le - littéralement - très grand Joey Ramone, Merry Christmas (I Don’t Want to Fight Tonight) est, malgré ses immanquables guitares en mode TDAH, finalement une chanson toute mignonne et romantique, à l’image de son auteur - assurément le Ramone le plus inoffensif. Joey y appelle à baisser les armes le temps d’un soir, car « on ne brise pas un coeur le soir de Noël » quand on est un gentil punk rocker.
Lorsque les Kinks, formation rock britannique parmi les plus influentes de tous les temps, (dé)chante Noël, on se tait et on écoute. Et on est pas déçu du voyage. Sorti en 1977, alors que toute l’Albion rafistolait ses tee shirts en lambeaux à grand renfort d’épingles à nourrice, Father Christmas suinte abondamment le désenchantement punk. Ici le bon vieux Père Noël de supermarché se fait dérouiller - et dépouiller - par une bande de petites frappes qui n’en ont plus grand chose à faire des petites voitures. Joyeux No…future.
Physique pas facile, dentition douteuse et diction perpétuellement avinée : rien ne prédestinait feu Shane MacGowan à devenir indissociable de la célébration de la nativité made in UK. Depuis sa sortie en 1987, Fairytale of New York, petit miracle de Noël celtico-punk inonde de ses réjouissantes insanités les ondes radiophoniques britanniques dès les premiers frimas.
Reine technicolor de la pop, Cindy Lauper s’associe au garage punk sautillant des Hives en 2008 pour nous offrir un joli petit hymne nihiliste aux influences délicieusement sixties. Scène de ménage cynique, A Christmas Duel envoie valser bons sentiments et sapin de Noël en faveur de coups bas amoureux et de déhanchements endiablés. Pour le plus grand plaisir des rockers au cœur endurci par les ruptures cinglantes en série.
Mariage improbable – ou évident finalement - entres les bestioles exaspérantes préférées du rejeton américain moyen de l’époque et l’ours mal léché du blues psychédélique Bob « The Bear » Hite, The Chipmunk Song/Christmas Boogie est une merveilleuse aberration, clownesque et galvanisante : rock’n’roll baby! Entre les cavalcades bluesy des darons chevelus et les gimmicks comico-juveniles haut perchés de leur progéniture, vous n’avez désormais plus à choisir, il y en a pour toute la famille. Joyeux Noël les enfants!
