Après deux modèles haut de gamme, Miracord 90 Anniversary et Miracord 70, la marque allemande lance sa troisième platine vinyle de nouvelle génération. Cette fois-ci, elle s'adresse au public le plus large possible avec un tourne-disque prêt à l'emploi intégrant d'origine un préampli phono. La conception est plus simple et le prix donc beaucoup plus abordable. Cependant, la finition est toujours très soignée et le son parfaitement accordé.
ELAC est surtout connu pour être un spécialiste allemand des enceintes acoustiques haut de gamme. Mais contrairement à ce que l'on pourrait penser, ce n'est pas totalement un nouveau venu dans le domaine des platines vinyles. Ce fabriquant dont la création remonte à 1926 a en effet produit plusieurs générations de tables de lectures analogiques dont certaines très réputées et innovantes pour l'époque, des années 1950 aux années 1980. Il s'était ensuite retiré lors de l'arrivée du CD-Audio, et donc sa platine Miracord dévoilée en 2016, pour fêter ses 90 bougies, n'était qu'un retour à ses amours de jeunesse.
Pour son retour aux platines, ELAC n'a en outre pas uniquement fait preuve d'opportunité ni choisi la facilité. Son modèle haut de gamme Miracord 90 Anniversary est totalement original et ne ressemble à aucun autre produit de la concurrence. Il a fait l'objet d'un développement spécifique. Le constructeur allemand a mis à profit son expérience dans les domaines de la mécanique acoustique, des comportements vibratoires, l'usinage des matériaux... acquise dans la conception d'enceintes et de haut-parleurs. Cela est particulièrement flagrant lorsque l'on regarde le petit anneau de textile qui maintient et découple le moteur d'entraînement par courroie de la Miracord 90 Anniversary. Il ressemble étrangement à un spider chargé de guider la bobine mobile d'un boomer.
On retrouve cette approche dans la Miracord 70 et la Miracord 50 qui nous intéresse ici. Cette dernière est beaucoup plus simple, mais en y regardant de près, on constate plein de petites attentions particulières dans sa fabrication qui, au final, font la différence dans les performances et à l'écoute par rapport à un modèle standard.
L'ELAC Miracord 50 est donc une platine vinyle d'entrée de gamme à entraînement par courroie. Elle est dotée d'une base de près de cinq centimètres d'épaisseur, formée d'un coffre en panneaux de médium dense de 21 mm. Les coins de ce coffre sont fortement arrondis ce qui lui donne une ligne particulière et élégante. Tout le pourtour est habillé d'un vinyle granité gris tandis que le dessus est habillé d'une plaque de matériau synthétique à l'aspect noir laqué. Cette plaque, qui n'est pas juste une fine feuille, donne une allure assez luxueuse, mais aussi participe à l'amortissement des vibrations. Elle est parfaitement collée. En lumière rasante, elle ne présente aucun défaut de surface ou effet de micro-bosselures.
L'ensemble repose sur quatre pieds amortissants, intégralement en caoutchouc semi-souple. Cela fait moins chic que des pieds en métal, mais cela s'avère un choix fort judicieux pour découpler la platine. Durant nos essais l'ELAC Miracord 50 s'est en effet montrée particulièrement bien prémunie face aux perturbations et vibrations extérieures.
De son côté, le plateau tournant est en aluminium moulé, d'une masse déjà respectable. Les plateaux de ce genre ont la réputation d'avoir des résonances et de colorer artificiellement la restitution sonore. ELAC a traité ce problème en tapissant le dessous du plateau d'une mousse caoutchouteuse. Un épais couvre-plateau en caoutchouc à rainures concentriques est également fourni.
L'alimentation de la platine ELAC Miracord 50 est externalisée dans un petit boîtier secteur. Cela évite les interférences et il est plus facile de la remplacer en cas de panne.
Le moteur à courant continu est monté de façon découplée, sous le plateau, décentré vers le fond. Il est possible de choisir sa vitesse, 33⅓ ou 45 tr/min, grâce au gros sélecteur rotatif à l'avant gauche de la platine. Il est piloté par un processeur ST Microelectronics et sa vitesse contrôlée par un système optique placée sous l'axe central semblant fait d'inox et de laiton.
L'électronique intègre aussi un étage de préamplification RIAA basé sur un bon petit ampli opérationnel JRC. Il est donc tout à fait possible de brancher la platine ELAC sur une chaîne Hifi qui ne possède pas d'entrée Phono. Ce préampli est naturellement désactivable au cas où vous disposez déjà d'une section phono plus performante.
Le bras enfin est fixé sur un socle en matériau de synthèse. Son articulation est basée sur un cardan métallique au mouvement bien huilé, sans jeu. Ce bras droit de 8 pouces est formé d'un tube équilibré, relativement léger également en métal. Le support de la cellule est de type 1/2 pouces à monture Ortofon/SME à baïonnette. Cela permet de facilement changer de cellule à la volée. Les DJ connaissent bien çà.
Ce porte-cellule, en métal moulé, parait solide et fort sérieux. Il est équipé d'origine d'une cellule MM - à aimant mobile - Audio Technica AT91 ce qui évite d'avoir à faire soi-même le délicat assemblage.
L'ELAC Mircacord 50 est relativement compacte et facile à mettre en œuvre. Elle est livrée en quelque sorte en kit comme la plupart des platines. Il faut installer le plateau, passer la courroie sur la gorge de l'axe du moteur à travers un des deux petits trous de ce plateau, mettre en place le couvre-plateau ainsi que le capot de protection translucide, monter le support avec sa cellule sur le bras et ajuster la force d'appui à 2 grammes à l'aide du contrepoids. Ce n'est pas spécialement compliqué. Les étapes sont très simplement expliquées dans la notice. Il n'est pas obligatoire de posséder une balance spéciale pour ajuster la force d'appui de la cellule. Le contrepoids possède une bague graduée. Si nécessaire, une molette à la base du pivot du bras donne la possibilité de régler l'antiskating.
Un interrupteur général est disponible à l'arrière de la platine en plus de la molette de sélection de vitesse et d'arrêt à l'avant. Lors de la mise en route, on apprécie la descente en douceur du lève-bras et l'écoute s'engage immédiatement sur de bons augures. L'ELAC Miracord 50 est une platine sage, avisée et très talentueuse. Elle ne cherche pas à en faire trop. Sa conception est simple mais très bien équilibrée et cela s'entend.
En utilisant le préampli intégré, sur Come Together de l'album Abbey Road des Beatles - enregistrement remastérisé en 2009, pressage 180g- la ligne de basse, les petites percussions des introductions de couplets ont une superbe articulation. Leur rythme sautillant est merveilleusement retranscrit. C'est à la fois rond et léger, très alerte, mais aussi très posé. La Miracord 50 est superbement naturelle. Elle n'essaie pas de ressortir tous les petits détails, mais plutôt l'harmonie, toujours avec une certaine tranquilité, une aisance particulièrement séduisante. Rien ne semble forcé.
Bien sûr, il est possible d'aller plus loin en termes de précision, transparence, dynamique, exploration des extrémités du spectre. L'ELAC ELAC autorise d'ailleurs des upgrades. On peut changer sa cellule pour une plus haut de gamme. Il est aussi possible d'utiliser un préampli RIAA externe plus performant. Mais celui intégré à la platine est déjà très étonnant, supérieur à bien des sections phono de beaucoup de petits intégrés audiophiles. Surtout, il fonctionne très bien avec les autres éléments de la Miracord 50. Nous le répétons, les ingénieurs d'ELAC ont réussi un cocktail merveilleusement équilibré.
Ainsi sur le disque Nameless de Dominique Fils-Aimé on se sent très vite en prise directe avec la musique. Il y a quelque chose d'immédiat et charnel dans les voix de Strange Fruit. L'espace sonore se construit en donnant en grande sensation d'intimité, de proximité avec les chanteurs. L'image stéréophonique est d'une rare cohésion. Cela forme un tout homogène, doux et suave. Encore une fois, on ne se pose pas de question et l'on s'intéresse rapidement plus à la musique qu'aux performances
En compliquant la tâche, avec un enregistrement EMI de 1958 du Lac des Cygnes conduit par Erem Kurtz avec Yehudi Menuhin en soliste - déjà- à nouveau sur le mouvement de la valse, on est séduit par la facilité déconcertante de la Miracord 50 à donner vie à la ligne mélodique. Les proportions de l'orchestre symphonique ne sont pas immenses, mais tout à fait plausibles. Tout est en place. Les violons jouent sans fausse note avec un tempo exquis qui donne immédiatement envie d'esquisser quelques pas de danse.
Cette platine vinyle Miracord 50 est une belle découverte, une très intéressante alternative aux modèles de marque audiophile réputés dans cette gamme de prix.
Entrainement : par courroie
Moteur : à courant continu asservi
Vitesse : 33⅓ et 45 rpm
Pleurage et scintillement : 1 %
Rapport signal/bruit : >67 dB (pondéré A), >60 dB (non pondéré)
Plateau : en aluminium moulé de 30 cm
Bras : en aluminium de 8 pouces
Cellule fournie : Audio-technica AT91 de type MM
Réponse en fréquence : 20 Hz à 20 kHz
Séparation des canaux : >18 dB
Niveau de sortie : 5 mV (1 kHz, 3.54 cm/sec), 140 mV avec le préampli phono activé
Dimensions (L x H x P) : 407,6 x 139,7 x 360,7 mm
Poids : 5,49 kg
Consulter le site du constructeur : ELAC