La marque anglaise dCS fait partie des deux ou trois plus grands spécialistes des lecteurs audionumériques haut de gamme à travers le monde. Autant appréciée dans les milieux audiophiles qu'auprès des professionnels du son, elle doit sa réputation à sa philosophie d'excellence, à l'utilisation intensive de technologies propriétaires et exclusives, à son refus catégorique de se satisfaire des solutions toutes faites standards. Nous vous proposons de la découvrir avec son modèle Rossini Player qui est à la fois un convertisseur Hi-res, un lecteur CD-Audio et un lecteur de musique en réseau de course. Nous l'avons essayé seul puis associé successivement à deux systèmes d'horloges maitresses, Rossini Clock puis Vivaldi Master Clock.
Fondé à Cambridge, voici un quart de siècle, dCS c'est un peu l'histoire d'une équipe d'ingénieurs qui s'est mis en tête de concevoir les meilleurs et plus avancés systèmes de traitement audionumériques. Aussi, dCS assume pleinement sa volonté de ne concevoir que des produits High End et d'être en quête permanente d'excellence. Tous sont d’ailleurs fabriqués en Angleterre exclusivement. Pour le traitement audionumérique et la conversion numérique, il est hors de question pour elle de se contenter de solutions toutes faites. À la différence de l'immense majorité des autres constructeurs, même parmi les plus haut de gamme, on ne trouve dans les appareils dCS aucune puce de conversion standard provenant d'un grand fondeur tel Texas Instruments ou ESS Technology. dCS conçoit l'entièreté de ses circuits de traitement et conversion numériques, partant de zéro, à partir de composants discrets, d'algorithmes et de schémas qui lui sont totalement exclusifs.
Modèle de milieu de gamme chez dCS, le Rossini Player n'en demeure pas moins un appareil d'exception. Le luxe de sa finition et la qualité de sa construction sont patents dès le premier contact. Derrière une façade en aluminium usiné avec une grande finesse, le châssis est réalisé en panneaux de 1 cm d'épaisseur également en aluminium de grade aéronautique. Les circuits internes sont ainsi enfermés dans un coffret blindé à l'abri de toutes interférence et vibration parasite.
Le dCS Rossini Player est par ailleurs un lecteur extrêmement polyvalent. Il intègre une mécanique de lecture haut de gamme spécifiquement étudiée pour les CD-Audio - JPL-2800 SilverStrike de chez Stream Unlimited - équipée d'un chariot également en aluminium massif. Doté de deux ports Ethernet/RJ45, il est compatible avec les protocoles DLNA, AirPlay et ROON. Une application dédiée, dCS Mosaic App, pour gérer ses différents paramètres, existe, mais on peut le piloter depuis n'importe quelle application DLNA de lecture de musique en réseau. Il est possible de se connecter à Qobuz, Tidal, Deezer ou Spotify, ainsi qu'aux webradios, mais aussi d'écouter tout fichier audio disponible sur le réseau local, depuis un serveur NAS par exemple, jusqu'à une résolution PCM 24 bit/384 kHz ou DSD128. Pour ceux qui ont tourné la page du CD, dCS propose également une version sans mécanique avec le Rossini DAC.
Grâce à son réglage de volume, sa basse impédance de sortie et son niveau de sortie max pouvant être calé dans les paramètres de 0,2 à 6 V rms, Le dCS Rossini Player est en mesure d'attaquer directement un amplificateur de puissance. Il comporte par ailleurs suffisamment d'entrées pour accueillir un grand nombre de sources. De cette manière, il peut jouer le rôle de préamplificateur, couvrant tous les champs d'application.
Il dispose d'une paire d'entrées AES/EBU sur embases XLR, de trois entrées S/PDIF (optique Toslink, coaxiale sur RCA, et coaxiale sur BNC) ainsi que deux ports USB dont un pour le raccordement à un ordinateur. Notons que dCS – via une technologie propriétaire unique au monde – permet à ses clients possesseurs d’un transport SACD dCS de le connecter via une paire de cordon numériques AES pour transférer les flux DSD au DAC.
À l'intérieur du Rossini Player, les alimentations des étages analogiques et numériques sont indépendantes, provenant de deux transformateurs d'alimentation bien distincts, encapsulés chacun dans un module de blindage. L'appareil réalise un suréchantillonnage de tous les signaux audionumériques entrant pour les amener au choix de l'utilisateur en DXD, DSD ou DSDx2. L'utilisateur se voit également proposer dans les menus plusieurs modes de filtrage numérique (6 en PCM, 4 en DSD) ajustant l'équilibre entre la réjection de Nyquist (réduction du bruit numérique) et l'optimisation de la phase en fin de bande passante.
Après sur-échantillonnage, la conversion numérique vers analogique est assuré par un circuit : le fameux Ring DAC. Cet étage de conversion, entièrement développé par dCS est identique sur tous les modèles actuels du catalogue, de Bartók à Vivaldi. Le code de conversion est lui aussi identique. Les différences que l’on peut entendre viendront de l’environnement et de la manière dont elle est mise en place.
Comme nous l'avons précisé en introduction, on ne trouve à cette étape aucune puce de conversion toute prête, mais à la place des rampes de résistances calibrées de haute précision, gérées par microprocesseur FPGA. Le procédé s'apparente à un convertisseur avec plusieurs rampes de résistances travaillant sur 5 bits en parallèle et en mode différentiel accompagné d'un système de comparaison aléatoire en temps réel afin d'éviter toute déviation.
dCS développe naturellement ses propres algorithmes pour le suréchantillonnage et la conversion. Le code utilisé pour la conversion uniquement compte par exemple plus de 1 000 lignes, toutes dédiées uniquement à la traduction du signal numérique vers sa version analogique. Ce luxe lui permet de garantir la mise à jour de produits sur plus de 20 ans. Plusieurs appareils nés avant l’apparition des formats 24 bits/192kHz, DSD ou plus récemment MQA ont reçu une mise à jour leur permettant de traiter ces nouveaux fichiers. Une quête de la perpétuelle perfection.
Étage de conversion | Vue interne | Plateforme de processing numérique FPGA
Pour le bienfait de ce banc d’essai, nous avons mis en œuvre le Rossini Player autour d’un système d'écoute, intégralement câblé en Nordost, comportant l'excellent ampli intégré américain Mark Levinson N°5805 associé aux enceintes danoises Raidho C1.2, montées sur leurs pieds pendulaires ad hoc. Nous avons commencé les écoutes via l’application dCS Mosaic, puis nous avons évoluer pour passer via l’écosystème ROON.
Avec un tel système, le but n'était pas de produire un grave à lézarder les murs ni de développer une puissance acoustique dépassant la bienséance, mais bien de découvrir toutes la finesse et les capacités d'analyse du dCS Rossini Player.
Le dCS Rossini Player est à l'écoute un appareil particulièrement neutre et transparent. Il n'impose aucun caractère et n'est absolument pas typé. On pourrait alors se dire qu'il est froid et méticuleux, qu'il exécute la musique avec méthode et précision au risque de manquer d'âme. Pourtant, dès les premières notes égrenées, on sent que l'on a affaire à une source d'exception qui va nous emmener dans les plus hautes sphères de la musicalité et de l'émotion.
Notre séance débute par le prélude des suites pour violoncelles de Bach "recomposées" par Peter Gregson. On en est en présence d'une petite formation atypique, un sextet de violoncelles. Les différents instruments jouent, en quelque sorte, en canon sur plusieurs tons et tempos. Leurs phrasés se superposent, s'entremêlent et s'unissent petit à petit au fil de l'évolution du morceau jusqu'à faire émergée une mélodie subliminale puissante et envoutante. Le dCS Rossini détache admirablement chaque instrument, lui donne de l'espace, de l'air pour s'exprimer. Les timbres sont riches, d'une magnifique matière. Le son allie douceur, consistance et légèreté, des éléments souvent contradictoires en matière de reproduction Hifi réunis ici dans un cocktail exquis.
Des petits cliquetis se font entendre. Effectivement, il s'agit d'une prise de son en direct et ces petits sons qui seraient presque totalement inaudibles sur bien d'autres sources donnent une tout autre dimension à la musique. Ce ne sont pas des machines qui jouent, mais bien des hommes et des femmes de chairs et de sang. Les petits bruits qu'ils laissent entendre nous apportent la conscience que ce ne sont pas de simples mécaniques. Ils nous révèlent leur virtuosité et la magie de leur art pour mieux nous faire pénétrer dans leur rêverie musicale.
Nous enchaînons avec un genre musical que l’on peut qualifier de plus intellectuel, "Hippies on a Corner" de l'album "Old Places Old Faces" de Joe Samples. Sur beaucoup de systèmes, cet extrait passerait aux oreilles de nombreux auditeurs pour du Jazz d'érudits ou de la musique lancinante d'ascenseur. Le dCS Rossini Player, lui rend justice. La restitution sonore quitte l'aspect métronomique qu'elle revêt souvent, même sur des ensembles très haut de gamme, pour faire ressortir le subtil dialogue entre le piano la contrebasse et les percussions. On en apprend aussi beaucoup sur la façon dont a été réalisée la prise de son. Les captations de la main gauche et de la main droite sont un peu particulières de par leur disposition dans l'espace. Elles chevauchent un peu les autres instruments et l'acoustique est très feutrée. Mais cela n'altère aucunement le swing. Au bout de quelques instants d'écoute, sans s'en rendre compte, on est pris de cette pulsion irrésistible qui met un pied, une main ou la tête en mouvement pour battre le rythme.
Avec Michel Jonasz et sa chanson "Les vacances au bord de la mer" de l'enregistrement Live "Olympia 2000", le dCS Rossini détaille à nouveau admirablement la diction. On ne perd pas une miette de l'ambiance de la salle émerveillée et du public en pâmoison. L'articulation de Michel Jonasz est superbe de précision avec ses vibratos, ses alternances de subtils accents cajoleurs et de crooners, sa poésie, ses infinies nuances, son talent unique pour surfer entre de la chanson pop et ce que l'on appellerait aujourd'hui du slam. Sans le voir, on imagine le chanteur avec son léger sourire dans la voix, ses yeux qui pétillent habités par sa chanson qui remémore des rêveries d'enfants, de douceurs, de soleil, de simplicité et de tendre nostalgie.
Que dire si ce n'est que le dCS Rossini Player nous semble être la source parfaite, avec son sens de l'équilibre, sa finesse, sa pureté sans faille. On se demande ce que l'on peut encore attendre de plus. Et pourtant…
dCS, en marge de ses convertisseurs et lecteurs, propose des horloges ou « worldclock ». Si sur le plan purement scientifique les différences de performances qu'apportent ces horloges sont chiffrables, on peut légitimement se poser la question de leur intérêt pour la reproduction audio.
Une horloge maitresse de haute précision, permettant de synchroniser toutes les étapes de la chaîne de traitement audionumérique, a pour but de réduire le phénomène de jitter. Contrairement à ce que l'on peut penser du jitter, qui est en quelque sorte une forme de distorsion temporelle, a peu de chance d'affecter les données numériques en elles-mêmes qui par essence sont très robustes. Nous ne cherchons pas ici à corriger d’éventuels données erronées voire corrompues, il n’y en a pas, plus plutôt à synchroniser tous les signaux sur le même tempo. Néanmoins, le jitter altère le signal qui transporte les données et par conséquent la qualité de la conversion finale. Même dans le cas d'un système entièrement numérique, dont l'ampli fonctionne en numérique car en fin de chaîne une conversion du numérique vers l'analogique est effectuée, au plus tard au niveau des haut-parleurs des enceintes.
Il s'agit là d'une explication imagée et simplifiée. Le phénomène est bien plus complexe, mais bien réel et c'est la raison d'être des horloges sur les systèmes très haut de gamme. Le dCS Rossini Player possède deux entrées horloges sur prise BNC, une pour les fréquences multiples de 44,1 kHz, l'autre pour les multiples de 48 kHz. Nous lui avons donc connecté la Rossini Clock puis la Vivaldi Master Clock encore plus haut de gamme. Toutes deux intègrent des oscillateurs à quartz de haute précision, stabilisés en température et atteignent un niveau de jitter de ±0,1 ppm. C'est techniquement une prouesse, mais est-ce que leur apport s'entend réellement ? La réponse est oui et, la perception des différences est bien plus immédiate que l'on ne pourrait s'y attendait.
Avec le dCS Rossini Player, nous avons déjà le sentiment d'avoir déjà atteint un haut degré de perfection, en ajoutant la Rossini Clock puis le Vivaldi Master, nous nous rendons compte qu'il est possible d'aller encore plus loin.
Sur notre premier extrait du prélude pour violoncelles de Bach, la scène sonore s'en trouve littéralement redessinée avec la Rossini Clock. Déjà extrêmement précise et matérialisée, elle a encore acquis en densité et réalisme. Sans pour autant que l'on ne note aucun phénomène de projection vers l'avant, nous nous sentons plus proches des interprètes, avec un effet de présence plus marqué et plus incarné.
Les petits cliquetis mécaniques que nous avions notés ont gagné un caractère plus organique et cette impression est décuplée dès lors que l’on connecte la Vivaldi Master Clock. Le bruit métallique a pris son sens musical, s'enrichissant successivement de résonances de bois et de cordes, car il s'agit du son que produit Peter Gregson en tapant de l'index la première corde de son violoncelle.
Sur le second extrait, on acquiert également une once de chaleur et de profondeur sur le jeu de la contrebasse avec la Rossini Clock sans que l'instrument ne perde aucune de ses nuances tandis que la Vivaldi Master Clock accentue encore la lisibilité du jeu.
De même sur la chanson de Michel Jonasz, les applaudissements qui, à l'origine paraissaient être proches d'un bruit blanc, gagnent en matière avec la Rossini Clock. Le son des claquements des mains sur les paumes est moins sec, plus dense, plus riche en harmoniques. Puis en passant à la Vivaldi Master Clock, la perspective évolue encore de façon clairement perceptible. Le son des applaudissements n'est plus monolithique, on peut discerner plusieurs rangées de spectateurs. À chaque étape, l'image stéréophonique gagne en ampleur, en espace tout en se concentrant, se focalisant mieux sur chaque détail.
On a l'impression de retirer successivement des couches de voiles invisibles que l'on ne soupçonnait même pas. La diction de Michel Jonasz s'étoffe encore en termes d'intelligibilité et d'articulation, se détachant avec toujours plus d'acuité de l'orchestration.
dCS nous prouve ainsi que la qualité de reproduction sonore audionumérique n'a pas de limite. Sa maitrise technologique est incontestable. La qualité de ses appareils l'est également. Chaque étape de notre banc d'essai nous a emmenés toujours plus haut en termes de précision, de finesse, de musicalité et surtout de plaisir auditif. Chez dCS, la recherche de l'excellence n'est de toute évidence pas uniquement un concept marketing. La marque britannique nous hisse au sommet de l'art et de ce qu'il est aujourd'hui possible de réaliser en matière de reproduction sonore.
dCS Rossini Player
Type Lecteur CD / Streamer / DAC
Convertisseur Ring DAC
Mécanique JPL-2800, tiroir en aluminium
Entrées numériques Ethernet, 2 x AES/EBU, 3 x S/PDIF (RCA, BNC, optique TosLink)
Sorties analogiques stéréo XLR et RCA
Entrées horloge 2 x BNC
Suréchantillonnage DXD ou DSD
Commande à distance dCS Mosaic App
Télécommande infrarouge (en option)
Interface RS232
Finition noir ou argent
Dimensions H151 x L444 x P435 mm
Poids 17,4 kg
dCS Rossini Clock
Type Horloge maitresse
Précision supérieure à 1 ppm au démarrage, ±0.1 ppm une fois stabilisé
Fréquence 44.1 et 48 kHz
Sorties 3 x BNC/75 ohms
Finition noir ou argent
Dimensions H64 x L444 x P435 mm
Poids 8.3 kg
dCS Vivaldi Master Clock
Type Horloge maitresse classe 1
Fréquences 44.1, 48, 88.2, 96, 176.4 et 192 kHz.
Précision d'horloge supérieure à 1 ppm au démarrage, ±0.1 ppm une fois stabilisé
Entrée 1x BNC/75 ohms
Sorties 4x BNC/75 ohms, configurables indépendamment
Finition noir ou argent
Dimensions H126 x L444x P435 mm
Poids 13,6 kg
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