header-hifi-nancy-audio-frequences

Hifi Nancy

actu médias

Le délai pré-streaming des films ratiboisé

28/01/2022
TV, Stream et VOD : les professionnels du cinéma synchronisent leurs montres

Signé ce lundi 24 janvier, le nouveau traité lié à la chronologie des médias rabat les cartes du grand jeu contre la montre des chaînes de télévision et plateformes de streaming/SVoD concernant l’ordre et les délais dans lesquels pourront être diffusés les films après leur passage sur grand écran. Un accord âprement négocié par les dignitaires du milieu - Netflix, Canal+, Disney+, M6 et la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques (SACD) entres autres - qui entrera en vigueur dès le 10 février 2022, et ce, pour une durée de trois années. 

Ce « pacte » fut donc le fruit d’un redoutable conciliabule de ces frères ennemis, réunis dans le boudoir des magnats l’hyperphagie audiovisuelle, afin de déterminer le nouveau délai transitoire entre la sortie en salles obscures des longs-métrages, et leur disponibilité à l’antenne ou en ligne. La relecture d’une précédente convention, un brin grabataire et dérisoire considérant la vélocité des évolutions cinématiques du marché de ces dernières années, et les hémorragies de piratage intempestives qui maculent les internets de manière quasi systématique à chaque tentative de réanimer le fameux silver screen. Disney menace d’ailleurs depuis quelque temps de tout simplement bouder les sorties de ses productions en salles françaises, afin de contrer ce délai d’attente pré-streaming, à ses yeux totalement inapproprié à la réalité du marché. Une mise en garde lourde de sens, qui pourrait s’assimiler à un coup de grâce pour une exploitation cinématographique déjà moribonde. Il faut dire que certains films se retrouvent parfois coincés dans les limbes de la diffusion streaming près de 3 ans, alors qu’ils sont rendus disponibles en DVD/BluRay/VoD – et donc au piratage – quatre petits mois après leur exploitation en salles, sérieusement amochée par une certaine crise sanitaire par dessus le marché.

 

 

Les plateformes de streaming et SVoD sont donc bel et bien la (dés)incarnation du cinéma 2.0, et il va falloir faire avec pour les créateurs. Au coeur des négociations justement, l’investissement conséquent de ces nouveaux influents dans le processus créatif cinématographique français, condition sine qua non d’un rognage significatif du temps passé en salle d’attente du ciné-club hexagonal, avant possibilité pour les cinéphiles de reluquer le dernier cri du cinéma français depuis leur canapé. Les plus prompts à sortir le carnet de chèque s’en sortent donc à bon compte, Canal+ et Netflix en tête. Canal – pour les intimes - promet une sponsorisation mirobolante de quelques 190 millions d’euros annuels, alors que le Goliath du streaming américain concédera 4 % son chiffre d’affaire français, soit une ponction de 40 millions réinjectée dans la production d’au moins 10 films frenchies par an. Récompense immédiate pour les deux bons élèves : leurs délais se voient écourtés de huit à six mois pour Canal + et de 36 à 15 mois pour Netflix. Disney+ et Amazon Prime devront patienter deux mois supplémentaires. Dernières de la classe, les bonnes vielles chaines de télévision doivent elles poireauter 22 mois, voire 36 en cas d’exclusivité de diffusion d’un concurrent. Ah il est loin le temps du monopole cathodique pour TF1, Arte, M6 et France Télévision...

Depuis lundi, hormis Canal+ et Netflix qui explicitent allègrement leur contentement, chacun y va de son commentaire amer et cinglant. La SACD – gérant des droits d’auteurs notamment – et Disney semblent rechigner à parapher le document hautement polémique. Car outre les intrigues jalouses entre les protagonistes, et même si cette volonté de moderniser cette chronologie est louable, elle semble encore quelque peu à coté de la plaque. Du côté d’Hollywood, cela fait déjà belle lurette que blockbusters et rom-coms sérigraphiés réquisitionnent une partie indécente de notre temps de cerveau disponible quelques 45 jours après leurs sortie, voire moins : Dune et l’ultime volet Matrix sont eux carrément arrivés en salles et en SVoD en simultané. La France est-elle prête à s’aligner ? Pas d’ici trois ans, apparemment.

Retour
SUIVEZ-NOUS